Déjeuner au Chapon Fin, Bdx – 3 juin 2009

C’était il y a neuf ans…
Nous venions juste de nous installer à Bordeaux, et nous nous promenions avec notre fille (unique à l’époque), à la découverte de cette grande ville qui allait devenir la nôtre. Le triangle des Grands Hommes nous laissait pantois : que de boutiques chics, de gens trop bien habillés, d’odeurs capiteuses !
J’étais encore étudiante, lui commençait tout juste avec un salaire à peine équivalent au SMIC. C’était un monde à 1000 lieues du nôtre.

Nous nous étions arrêtés devant le Chapon Fin, et les prix sur la carte m’avaient laissée muette. Il m’avait dit « Un jour, tu verras, je gagnerai des sous pour toi ma douce et je t’inviterai ici. »
J’avais répondu : « Pff… je n’ai pas besoin que tu dépenses autant d’argent pour un repas… « 
Mais ça m’aurait bien plû tout de même… pour essayer.

Il s’en est rappelé.
C’est avec une grande nostalgie pour le bon vieux temps et pour toutes ces années passées ensemble que nous avons trinqué…

Ainsi donc, le Chapon Fin…
Pas une grande surprise, c’est un des plus célèbres gastronomiques de Bordeaux, et il mérite bien sa réputation !

Avec des prix assez abordables… enfin tout est relatif ! Mais le menu déjeuner à 36 euros me paraît vraiment raisonnable quand on voit le contenu des assiettes.
Un moment très agréable, pour se chouchouter un peu… Allez je vous raconte…


Première mise en bouche : velouté de shitaaké, tomate cerise caramélisée avec des petits éclats de sel.
La tomate était très bonne, avec cette petite touche salée et croquante, mais le velouté était un régal. Bien relevé, presque piquant (piment d’Espelette parsemé dessus ?), une entrée en matière savoureuse…


Deuxième mise en bouche: velouté de panais au ris de veau pané.
(encore un peu et c’était du panais pané ! hahaha)
Je ne suis pas fan de ris de veau, un peu caoutchouteux à mon goût (rappelez-vous des croquettes de pied de porc de Vincent Arnould !). Le morceau de viande était un peu trop gros, bref j’aurais préféré sans ! Rien que le velouté pour madame, s’il vous plaît… 🙂


Crème Dubarry glacée, concassée de coquillages et échalottes confites.
L’appelation « Dubarry », pour ceux qui ne connaissent pas, désigne les veloutés de chou-fleur. Crème de chou-fleur froide, donc, légère (enfin, crémeuse, quand même, hein !) et délicieuse. Les petites échalottes relevaient le tout et les coquillages donnaient une petite consistance sympa à l’ensemble. Moi j’adore le chou-fleur, j’ai trouvé que c’était un régal !


Rougets juste saisis, crémeux d’anguille fumée et radis noir mariné.
A l’unanimité, le plat que nous avons préféré ! Les rougets étaient juste revenus comme il faut, parfaitement cuits (donc pas trop). Ils étaient posés sur un petit sablé croustillant, et l’ensemble des textures était parfait ! Poisson fondant, chantilly d’anguille vaporeuse, sablé croustillant, radis encore croquant …
Et les goûts étaient divins.
Coup de coeur !
Sur le bord de l’assiette, en déco : des petites miettes de jambon sec grillé. Joli, mais pas top sous la dent (trop dur… papi j’ai laissé mon dentier dans ton verre ou bien ??? :-D)


Mille-feuille de bar, compotée d’échalottes et coquillages, beurre blanc au combava.
En fait il faudrait remettre l’intitulé en ordre, c’est tout le bazar ! C’est donc la compotée et les coquillages qui étaient en mille-feuille, le bar était simplement saisi (après avoir été trempé dans quoi ?), et savament empalé avec une feuille de laurier et du romarin (c’est un sarcasme, je pratique aussi bien le planter d’herbes ! :-)).
Un petit plat très savoureux, généreux, la chair du bar était fondante et parfaite. Je n’ai pas exactement trouvé les coquillages dans le feuilleté, malgré cela il était très bon !
Le beurre blanc de combava : une très bonne idée, mais il en manquait à mon goût… Quand la sauce est bonne, autant en mettre des louches ! Je comprends le souci de l’esthétique, dans ce cas je n’aurais pas dit non à un petit pot de sauce à côté. En plus qu’il y avait du bon pain pour saucer (hahaha, c’est officiel, on est des dinosaures bouseux).
Et enfin, pour le combava: j’en consomme trop je crois, j’en aurais mis plus. Mais le goût subtil était bien là, léger et frais.


Epaule d’agneau confite à la sauge et au citron, polenta crémeuse aux olives noires.
Sachant que l’un a pris le poisson et l’autre la viande, qui est qui ?
Eh oui, classique, poisson pour madame, viande pour monsieur… Ce qui ne m’empêche pas de piocher ! 🙂 
La viande: confite comme promis, donc moelleuse à souhait. La sauge: cachée à l’intérieur, elle parfume merveilleusement la viande, comme une surprise dont on aurait oublié qu’elle nous attendait. La polenta: aux olives, méridionale. Un plat sans surprise, mais très bien réussi, qui atteint son but ! On se régale.


Pré-dessert: mousse de chocolat blanc, fraises et tuiles roses.
Une petite douceur servie à Nico pendant que moi je me régale avec le plateau de fromage. Apparemment la politique de la maison c’est qu’un convive ne mange pas si l’autre n’a rien ! On apprécie à sa juste valeur…


Soupe de fruits exotiques: banane, goyave et fruit de la passion.
Très frais, parfait avant de passer aux choses plus sérieuses. La banane est plus présente, limite écrasante, normal… mais les deux autres restent en fin de bouchée, légèrement acidulée.


Mille-feuille vanille, crème glacée à l’Amaretto.
Un classique, rehaussé par la crème glacée.
Rien à dire… 


Fondant semi-pris au sésame, poire croquante au jus d’agrumes safrané.
Là encore, une belle découverte gustative. La première cuillère me laisse songeuse. Le sésame est assez fort, souligné par un biscuit au chocolat. Une petite tuile craquante au sésame renforce son goût, déjà corsé. Et puis je croque une poire, acidulée avec la gelée d’agrumes. Une saveur inhabituelle, avec un goût de reviens-y. J’y reviens donc. Plus je mange, plus j’ai envie d’en manger !
Le top : la quenelle de glace aux agrumes et safran, un ravissement, qui parfait le tout !
Bref, un dessert comme je les aime, moi qui ne suis pas très dessert: innovant, qui a le pouvoir magique de se révéler encore meilleur au fil de la dégustation !
Ils sont forts, hein, quand même, ces grands-chefs… 🙂


Je suis la seule à prendre un café, mais les mignardises arrivent tout de même pour deux…
On n’en peut plus, on en laissera un peu dans l’assiette, mais on a quand même craqué pour les petits moelleux aux noix de Pécan, les petits palmiers sucrés, et un mini-far au pruneaux (une moitié chacun, c’est dire si on n’avait plus faim !)
Las, chocolat blanc, quelle que soit la surprise en ton flanc, nous ne la découvrirons jamais !
Gavés comme des oies du Sud Ouest nous sommes (mais des oies de luxe…)

Bref, un excellent moment. Les serveurs sont au petit soin, souriants. Petit détail qui fait la grande maison : un convive ne reste pas sans rien si l’autre a quelque chose a mangé. Ainsi, mon menu « Saveurs » était plus fourni que le menu déjeuner de Nico, mais je crois bien qu’il a eu droit à des mises en bouches ou pré-desserts supplémentaire pour m’accompagner.

Une adresse à garder, pour les grandes occasions ! Moi j’y retournerai !

Le chapon fin (voir le site)
5 rue Montesquieu
33000 Bdx
05  56  79  10 10

Menu déjeuner : 36 euros
Menu saveurs: 60 euros
Menu dégustation : 90 euros.

À propos de Véro

Maman, maîtresse et cuisinière. Ce blog suit mes aventures culinaires depuis 2006. Bordeaux, Java, Nouméa, tout ça dans ma cuisine ! Cuisine du monde, cuisine de grand-mère, cuisine du coeur... Bienvenue !
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