Vive les p’tits apéros – Tome 9 : Sucettes au fromage et cakes figues chorizo

– OK, les moustiques, on y va. En rang, et en silence !

Mon sifflet autour du cou, je m’apprête à me transformer, à revêtir un des nombreux déguisements qu’il faut avoir à portée de main quand on bosse dans une école.

Aujourd’hui, on a le créneau du gymase : on va faire de l’EPS. Ni une ni deux : je mets mon survêment Le Coq Sportif !

Enfin, au sens figuré. D’abord, des survêtements, je n’en ai plus depuis que j’ai dépassé les 15 ans. En plus, même si j’en avais, c’est vraiment trop moche, pas question que je porte un truc pareil. En vrai, j’ai toujours un jean slim (à la base, pas sensé être slim, mais que voulez-vous, on a la morphologie qu’on a), des shoes à talons et unT.shirt ample acheté chez Kookaï /Morgan/Esprit pendant les soldes.

Mon costume figuratif « Le Coq Sportif » = OK, j’enlève les talons, je mets mes converses.

Je mets mon sifflet autour du cou, et ça y est : je me transforme en « l’affreusement sadique prof de sport ». Vous l’avez eu, le maître d’école qui vous fait regretter d’être venu au monde dès qu’il met les pieds dans le gymnase ? Moi oui.
J’étais assez sportive malgré mon côté « brindille rachitique », mais franchement, je me rappelle de lui, de ses pompes, de ses moulins avec les bras qui ne s’arrêtent jamais, même si c’est au prix de la chute desdits bras… Et mes copains « moletonnés gavés aux pâtes de fruits », je vous dis même pas. Ils doivent encore cauchemarder à cause de lui, aussi sûr que 8×7 =56 ! (ben vérifiez pas, c’est mon job tout de même !)

Aujourd’hui, la revanche a sonné : la maîtresse, c’est MOI, les brindilles rachitiques et les moelleux shootés aux Carambars, c’est EUX !

NYARK NYARK NYARk !! Voilà la vraie raison pour laquelle je suis devenue instit. CA VA SAIGNER.

-OK, les schtroumphs, on va s’échauffer un peu !

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Bizarrement, quand je suis dans le gymnase, je dis des choses que je ne dis jamais en classe. Du style « OK – allez les morpions – ça va dépoter – à fond les ballons ». C’est le côté cool du prof de sport qui est inégalable aux yeux des gosses, mais que voulez-vous, ça en classe et c’est la foire assurée. Dans le gymnase, ça marche.

Alors, on commence par trottiner. Au coup de sifflet, je crie un ordre, vous exécutez. C’est simple. Compris ?

Une de mes « Cuculs la Praline » me regarde avec adoration : « Oui, maîtreeeeeeesse ! »

– OK, Léna ma cocotte, c’est fini les « maîtresse ». On est au gymnase, tu te rappelles comment il faut m’appeler ?

Elle glousse mais je fais comme si je ne la voyais pas, sinon ça va rompre le charme du jeu de rôle.

Oui, je me rappelle !
Alors fais-le et arrête de glousser, on se croirait à Thanksgiving aux Etats Unis !
Oui, maîtreeeeeesse !

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Je manque d’avaler mon siffler devant tant de bisounoursitude. Heureusement j’ai Amine, du groupe « Euhhh, quand-t’as-dit-apprendre-les-tables,-en-fait-c’était-par-cœur ??? » qui passe à 120km/h et qui hurle :

Oui, Sergent Instructeur !!!
Il est pas fute-fute avec les maths, mais au gymnase, c’est mon chouchou (après Flash Gordon, quand même).
OK. C’est PARTIIIIII !!!

Coup de sifflet. Ils se mettent à courir comme des poulets dont on viendrait de couper la tête : dans tous les sens, en battant l’air de leurs maigres bras et en emplissant l’air de cris surexcités (OK, un poulet sans tête ça ne fait pas ça).
Re-coup de sifflet.
– Vous faites trop de bruit : 10 pompes !!!

Ils s’arrêtent tous, se jettent par terre avec ravissement et se mettent à faire des « pompes ». Je vous jure, 27 gamins avec des bras gros comme des piques à brochettes qui se mettent à faire des tractions toutes fesses en l’air et bidons au sol, ça vaut le spectacle !
Qu’est-ce que c’est que ces pompes ? Allez les chiffes molles, on monte le ventre, on baisse les fesses ! Je veux voir des dos plats, pas des descentes de toboggans ! et 7 !! Et 8 !!! Lisa, arrête de parler ou j’en rajoute 10 ! et 9 ! Etienne, ça va tu te reposes bien ? Et 10 !!! On en refait 3 parce qu’Etienne se la coulait douce ! Et 11… et 12… et 13 !
Lorsqu’ils se relèvent, ils sont en sueur, sourire aux lèvres, enchantés que la maîtresse les ai appelés « chiffes molles ».
Coup de sifflet :
– Et on trottine !
Les pompes les ont un peu calmés, ils repartent plus calmement.
Coup de sifflet :
– Pas chassés !

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Et là  un seul mot convient : ahahAHHAHAHAHAHAH !!!! La tronche des pas chassés…
C’est pas possible, vous avez appris à vous servir de votre corps sur un écran de DS ou quoi ?
– Non, sergent instructeur !!!

Amine a tout compris, je lui colle un coup de pied au derrière satisfait lorsqu’il passe près de moi.

Au bout d’un quart d’heure de ce traitement, ils sont pile poil comme il faut pour sortir les raquettes de badminton. Là au moins, ils ne se jettent pas dessus en se battant comme Rocky Balboa et Mister T. Que voulez-vous, en huit ans de métier, on développe des stratégies.

A la fin de la séance de sport, je les rends à leurs parents : rouges, sales, assoiffés, exténués. C’est bien, le sport, ça forge le caractère ! Les mamans au portail me sourient en ayant l’air de dire « merci à toi, Sainte Femme, grâce à laquelle mon enfant ira au lit à 19h30 ce soir ! »

De rien, de rien, braves gens.
Et encore, ça c’est rien. Faut voir les séances de rugby qu’on fait au stade.
Je fais un bon sourire de martyre, et rebascule en mode « maîtresse chérie d’amour ».
A demain les enfants. Et j’espère que vous n’avez pas oublié vos affaires pour vos devoirs !
Non, sergent Instructeur !!!

Je vous dis pas la tête des mamans.
^-^

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Sucettes au fromage frais et à la menthe.
Idée très sympa que j’ai piquée dans le bouquin de Conticini (je l’ai trouvé dans une braderie à 9 euros !!! j’ai sauté dessus :-))

Feuilles de brick – 1 boîte de fromage frais (Kiri, mon préféré, Philadelphia, St Morët) ou un fromage de chèvre – 1 petit bouquet de menthe – du poivre du moulin

– Couper des feuilles de brique de façon à obtenir des rectangles d’environ 14×7 (en gros, on coupe les grandes feuilles de briques rondes en deux, puis chaque moitié en deux bandes, puis on recoupe et on obtient 6 rectangles par feuille).
Déposer en haut d’une feuille de brick un morceau de fromage frais assez épais (type Kiri), une feuille de menthe, et poivrer.
Enfoncer le haut d’un pique en bois dans le fromage frais.
Fermer le rectangle.
– Badigeonner avec un peu de beurre fondu.
– Disposer vos sucettes sur une plaque recouverte de papier sulfurisé.
– Au moment de faire cuire, préchauffer votre four à 200° (th.7). Déposer sur vos sucettes une feuille de papier silicone, qui garderont les deux morceaux des feuilles de brick bien collés.
– Enfourner.
– Au bout de 5 minutes, les feuilles de brick sont collées, retirer la feuille de silicone et poursuivre la cuisson quelques minutes afin que les sucettes soient bien dorées et bien croustillantes.

Servir les sucettes à une bande de copains instit’s, qui retomberont en enfance et se feront un malin plaisir de grignoter leurs sucettes comme des BN (d’abord tout le tour, pour garder le meilleur pour la fin : le coeur !! :-))

Même que ça épaterait drôlement les élèves de voir leur maître manger des sucettes.

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Fingers de chorizo aux figues.
Toujours la même pâte à cake, déclinée grâce à des moules et des ingrédients différents. Les gens ont l’impression de goûter un truc nouveau. Vous, vous vous la coulez douce. C’est pas négligeable.

Base de pâte à cake :

250g de farine, 1 sachet de levure, 3 oeufs, 100g de gruyère râpé, 5 cl d’huile d’olive et 15 cl de lait, 1 pincée de sel.
– Mélanger tous les ingrédients (pas trop).


– Dans des moules « fingers » (ou autre !) déposer des morceaux de chorizo bien piquant ainsi que des petits cubes de figue.
– Mettre l’appareil à cake dans une poche à douille.
– Pocher par-dessus le chorizo et les figues.

– Enfourner dans un four préchauffé à 180°.
– Laisser cuire 10 minutes, jusqu’à ce que le dessus du cake soit bien doré.

Servir, manger avec les doigts.

Et voilà !!!

Se régaler !
N’hésitez pas à forcer sur la figue pour qu’on en sente bien le goût. Perso j’aime bien le petit croquant des grains de la figue.

Bon, allez, je vous laisse.
Faut que je prépare mon texte de dictée sur les pronoms sujets et les pronoms COD, ça va être moins drôle. Surtout pour Amine.
« Maîtresse, je sais pas du tout si « lui » est pronom sujet ou COD, mais si tu veux je peux faire 20 pompes ! »
^^

À propos de Véro

Maman, maîtresse et cuisinière. Ce blog suit mes aventures culinaires depuis 2006. Bordeaux, Java, Nouméa, tout ça dans ma cuisine ! Cuisine du monde, cuisine de grand-mère, cuisine du coeur... Bienvenue !
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2 réponses à Vive les p’tits apéros – Tome 9 : Sucettes au fromage et cakes figues chorizo

  1. frederique dit :

    Tes descriptions me font trop rire
    Continues, je suis cliente
    Faudra penser à la reconversion dans l’écriture de sktechs!!!

  2. Véro dit :

    @ Frederique, merci, c’est gentil. C’est moins drôle, ou disons beaucoup plus fatiguant quand on le vit en direct avec une grosse vingtaine (voire une petite trentaine) de gosses, alors ça me fait du bien d’en faire une histoire rigolote quand vient le soir 🙂 Si ça vous fait rire aussi, c’est encore mieux !

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