Homard de Noël – petit drame en cuisine

Je ne sais pas ce qui s’est passé au juste…

Je faisais la queue tranquillement chez mon poissonnier, le 24 décembre sur les coups de 10h (je me suis extirpée du lit comme un zombie pour ne pas arriver après la bagarre, quand y aurait plus rien, d’habitude je suis plutôt la cliente qui arrive en vrac à 12h54 (6 minutes avant la fermeture) et qui est déçue qu’il n’y ait plus rien niveau crevettes.

La queue, donc.
Je récapitule dans ma tête: une douzaine d’huîtres pour Doudou, des crevettes roses, grises, bigorneaux et trois bulots. Et z’auraient pas du citron, par hasard?
C’est mon tour.
Et là, ma bouche s’ouvre en même temps que mes yeux se posent sur un homard nageant lascivement dans son aquarium.
Et de ma bouche sortent des mots:
« Un homard breton, s’il vous plaît! »

A peine le temps de réfléchir à ce qui vient de se passer (avec le recul, je suspecte Patrick et Alhya d’être responsables), que déjà le poissonier m’en agite un sous le nez, au bout de sa pince articulée que j’ai mentalement nommée « The Lobster Leathal Trap » (le piège mortel des homards).
« Cui-là, ça vous va??
– Hein?? Ma foi, oui!?! »
En fait, j’en sais rien, je n’ose pas regarder le homard en face…

Hop, dans la poche plastique.
« Vous penserez à le sortir de la poche en arrivant, hein, mon petit?
Bien sûr! »
Je prends un air savant. Au fond de moi, je panique: « Le sortir de la poche, quoi, avec mes mains?? Mais je vais en faire quoi jusqu’à ce soir??? »

A la maison, je force Doudou à prendre les opérations en main. J’ai lu chez Patrick que le mieux est de les endormir au froid, dans le noir. Hop, dans un saladier, recouvert d’une assiette, sur la terrasse (il fait -5° depuis trois jours, ça tombe bien… Quoi, un être VIVANT dans mon frigo!!???). J’ai aussi lu chez Alhya que le moins cruel est de les couper direct, schkraaak! moins douloureux que de les cuire à petit feu. Allez, hop, au dodo monsieur Homard.

Quand arrive l’heure fatidique pour les homards (après les huîtres et le foie gras), Doudou va chercher le saladier.
« Bon, il doit bien dormir, là…
Pas du tout, il bouge…
Quoi??? Oh my GOD!!! »
Au moment où je suis de tout coeur avec Nico (c’est à dire au moment où je cours me planquer dans le cellier), mon regard croise celui du homard, qui gît sur le dos, sur la planche à découper. Doudou est devant, avec mon hâchoir chinois (celui qui coupe une pastèque en deux d’un seul coup). En une fraction de seconde, tout bascule.
« Oh mon Dieu, mais on peut pas faire ça!!! (moi, hurlant du cellier)
Ben pourtant, si on veut le manger…
Mais c’est horriiiible!!
Et tu veux en faire quoi??
On n’a qu’à le garder, et l’élever… J’irai lui acheter un petit aquarium, on l’appellera « Survivor », et quand il sera grand, on le rendra à l’océan et… »
Shhhkraaaaak!!  …..
«  Bon, ben c’est réglé. »

Oh my God…

Par respect envers Survivor (qui du coup n’a pas survécu du tout…), je ne vous donne pas la recette (juste vous dire que j’ai fait une bidouille en me rappelant la recette d’Alhya, j’y ai mis du beurre fondu à la coriandre que j’ai versé avant et pendant la cuisson au four, et puis j’ai mis ses pauvres pattes au four 5 minutes avant le reste, ensuite 10 minutes pour le tout, et enfin une lichette d’Armagnac pour flamber tout ça). J’ai servi avec le risotto aux pleurottes des surfeurs, mais sans les langoustines.

Là où j’ai vraiment failli pleurer, c’est quand j’ai vu le nom de l’Armagnac… :-S

À propos de Véro

Maman, maîtresse et cuisinière. Ce blog suit mes aventures culinaires depuis 2006. Bordeaux, Java, Nouméa, tout ça dans ma cuisine ! Cuisine du monde, cuisine de grand-mère, cuisine du coeur... Bienvenue !
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