Lapin à la provençale, comme celui de Ti Mioune

J’aimais plutôt ça, le lapin. Ma mère le préparait à la moutarde, ou parfois à la provençale. C’était un plat assez exotique pour moi, on ne mange pas de lapin en Nouvelle Calédonie. C’était moelleux et plein de bonnes saveurs, du coup je ne me posais pas trop de questions et évitais de faire le rapport avec la petite bébête trop mignonne de Béatrix Potter.

Mais tout a basculé quand UN JOUR… souvenir de malheur…
Mon maître de CM2 nous a annoncé un beau matin qu’on allait disséquer un lapin dans l’après-midi (à se demander pourquoi j’ai eu envie de devenir maîtresse, et pourquoi je me retrouve à enseigner à des CM2 !!! :)). Ça aurait pu passer si juste avant la pause de midi, le concierge de l’école n’avait toqué à la porte de la classe.

Dis donc, ça te va, comme ça ?

Au bout du bras, tenu par les oreilles, un trop beau petit (gros) lapin gris, les pattes toutes recroquevillées, des grands yeux noirs emplis d’effroi.
Nous tous, trop attendris – « Oooooh… il est trop beau ! » (on n’était quand même pas futes-futes, hein…)

Le maître – Oui, super, il est parfait.
Le concierge – Bon, alors je m’en occupe.
Le maître – Ne le vide surtout pas, n’est-ce pas ? Tu l’ouvres, juste, je le viderai après la classe. Ça va me faire un bon petit civet !
Moi – Glurp.

Bref, je vous passe la séance de dissection, que certains d’entre vous ont sûrement vécue et que ça a traumatisés à vie ! C’est simple, jusque là je voulais être chirurgien, sauver des vies; après ça j’ai opté pour l’enseignement, sauver des esprits (enfin, essayer…) !
Alors justement, quand j’ai commencé ma séance sur l’appareil digestif il y a deux semaines, je me suis demandée si j’étais capable, moi aussi, de proposer une dissection à mes élèves, en classe.
La réponse est non !!!

En revanche, depuis quelques années j’ai décidé de redonner sa chance au lapin. En tant que plat (heu… oui, c’est de l’ironie… limite provoc’ :-)). C’est un peu hypocrite, de faire la dégoutée face à quelques boyaux et ensuite de se régaler avec un lapin à la provençale, mais que voulez-vous, je ne suis qu’une femme.

Recette comme celle de maman… avec des légumes, et sans les intestins.

Lapin à la provençale comme celui de ma Ti Mioune

parce que ce qui serait vraiment dégueulasse ce serait de ne manger que certaines espèces sous prétexte qu’elles ne sont pas mignonnes !

Pour 4 personnes : et vite avant qu’il n’y ait plus de légumes d’été !
8 râbles de lapins (ou 4 cuisses) – une belle courgette (du potager, nananèreuh ! mais ok c’était la dernière, maintenant y en a plus :-)) – 400g de tomates : j’ai choisi un mélange (toujours de mon potager !) de cœurs de bœufs et de tomates cerises – 1/2 poivron vert et 1/2 poivron rouge – 1 oignon rouge – 3 gousses d’ail – 2 grosses poignées d’olives – 1 càs de sucre – sel, poivre – facultatif (mais souhaité ! 🙂 : piment d’Espelette.

– Préparer tous les légumes : émincer l’oignon rouge, écraser l’ail, couper les poivrons en lamelles assez fines, peler les grosses tomates, couper les courgettes en cubes.
– Dans un plat à tajine (ou une cocotte en terre avec couvercle), faire chauffer 2 càs d’huile d’olive.
– Faire revenir l’oignon dans l’huile chaude, à feu vif, jusqu’à ce qu’il soit légèrement doré. Ajouter l’ail, remuer.
– Sortir les oignons et l’ail du feu, réserver.
– Ajouter une cuillère à soupe d’huile d’olive, et lorsqu’elle est bien chaude, disposer les morceaux de lapin et les faire dorer en les retournant sur chaque côté.
– Ajouter tous les légumes préparés ainsi que les oignons et l’ail sautés.
– Saler, poivrer, verser le sucre et 1 belle cuillère à café de piment d’Espelette (quantité selon les goûts !)
– Ajouter 20cl d’eau, remuer légèrement.
– Couvrir et laisser mijoter au moins 1h30-2h : le lapin doit devenir très moelleux, sa chair doit se détacher toute seule. La tomate va fondre, se mêler aux autres légumes, et faire une sauce onctueuse et délicieuse !

Et voilà !


Une recette qui demande assez peu de préparation, tout est dans le mijotage. J’imagine que ce doit être encore meilleur le lendemain, mais je vous assure que le jour même, c’était un bonheur.

Servir avec un féculent qui sera à mourir avec la sauce du lapin : les coquillettes pour nous ! La sauce se glisse dans chaque coquillette, c’est juste trop bon… Le lapin est fondant, moelleux, gorgé du jus des légumes… tout le monde se régale.

De toute façon, les filles ne connaissent pas Peter Rabbit ! 🙂

 

À propos de Véro

Maman, maîtresse et cuisinière. Ce blog suit mes aventures culinaires depuis 2006. Bordeaux, Java, Nouméa, tout ça dans ma cuisine ! Cuisine du monde, cuisine de grand-mère, cuisine du coeur... Bienvenue !
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13 réponses à Lapin à la provençale, comme celui de Ti Mioune

  1. clemence dit :

    La dernière photo me fait saliver, même à cette heure !

  2. Quand j’étais gamin, j’étais fasciné en regardant mon grand-père scalper et éviscérer les lapins, alors que lui ne supportait pas d’avoir à les tuer…

    J’espère quand même que tu as gardé le foie, le coeur et les rognons, c’est le meilleur ;-))

  3. Cooking fairy dit :

    ah moi j’ai un souvenir horrible de deux dissections en 6ème: une grenouille et un pauvre pigeon qui avait eu le malheur de se faire écraser par une voiture devant ma prof de bio… Elle s’est empressée de le récupérer et de changer le sujet de son cours ce jour-là pour qu’on puisse voir l’intérieur du pigeon, pouâh!
    Enfin je l’adorais quand même, elle était vraiment géniale, cette prof!!! (par contre, tu ne me feras jamais manger de grenouille ou de pigeon!!!)

  4. Riane dit :

    Moi j’ai jamais eu de réticence sur le lapin: mes grands-parents en élevaient, on jouait avec et puis hop, dans l’assiette.
    Et qu’est ce que c’est boooon. (Et je suis al seule à aimer les rognons: tous pour moi. mouhahahaha.)
    Par contre j’ai jamais vraiment compris l’indignation devant la viande de cheval.

  5. Il est tendre cuisiné de cette façon et avec toutes ces saveurs un régal au naturel
    Je te souhaite une très bonne soirée
    Valérie.

  6. Isabelle dit :

    Je ferai la recette mais avec du poulet (bien que les poules sont aussi très mignonnes). Chez moi, on appelle ces pâtes des macaronis!

  7. kashyle dit :

    mais quelle horreur…Rien disséquer avant la 4° et encore je payais un copain pour qu’il le fasse à ma place!!!!!! Bon j’adore le lapin hein vivant ou dans mon assiette mais vous le montrer vivant avant de vous le faire couper c’est juste berk quoi!!!!!!

  8. Véro dit :

    @ Merci Clémence, quand je pense au temps qu’il va falloir maintenant pour avoir de nouveau des légumes d’été, j’en salive aussi !!! 🙂
    @ Patrick, nope, les abats c’est la seule chose que je n’aime vraiment pas manger ! Chez ma grand-mère c’était l’inverse, elle tuait les poules sans même sourciller, et moi je me cachais et trouvais que c’était une vraie sorcière !!! 🙂
    @ Anne, hahaha, elle me fait rire ta prof de biolo, je me reconnais en elle ! A une époque, j’étais prête à garder les os de mes carcasses de poulet pour pouvoir étudier la structure du squelette… Les cuisses de grenouilles, une fois bien rongées, si tu les laisses bien attachées, elles sont géniales pour montrer le fonctionnement des articulations en charnière !!! Qu’est-ce que tu veux, quand on est passionnée par son métier, rien ne nous rebute face à l’idée de propager le savoir !!! mdr
    @ Riane, ben tiens, je te laisse les miens, de rognons 🙂 La viande de cheval, je n’en mange jamais, par habitude parce qu’on en mangeait pas chez moi quand j’étais petite. Bizarrement, je n’aime pas les chevaux (ils me font peur), mais ça ne me dit rien de les manger non plus !
    @ Valérie, oui, bien tendre ! Le lapin mal cuit c’est bof. Il faut que la chair se détache toute seule, bien moelleuse à souhait !
    @ Kashyle, le genre de truc dont tu te rappelles toute ta vie ! 🙂 Je ne crois pas que c’était voulu de la part de mon maître, juste le gardien qui était un vieux boulet… Je me rappelle avoir beaucoup fait ma chocotte, genre « ohlala, je vais vomir », alors qu’en fait je n’étais pas si dégoûtée que ça. Ca avait l’air d’excéder mon maître. Aujourd’hui, c’est moi qui dis aux filles de ma classe »ohlala, n’en fait pas trois tonnes, si tu manges du steack haché tu peux regarder l’intérieur d’un lapin ! » ^^

  9. Véro dit :

    @ Et Isabelle, tiens, c’est rigolo ! Chez nous les macaronis sont les petits tubes, plus longs que les coquillettes (qu’on voit sur la photo) et plus droits ! 🙂

  10. gracianne dit :

    Nous c’etaient des souris – et ca va, ca ne se mange pas les souris 🙂

    Il a raison le captain, dans le lapin, le meilleur, ce sont les rognons!

  11. Clairechen dit :

    Tu vas croire que je suis complètement sado-maso, mais quand j’étais petite j’allais toujours voir mon grand-père tuer les lapins (alors que je les adore ces petites bêtes).
    Il me tente bien là ton p’tit Peter Rabbit!

  12. Véro dit :

    @ Claire, oh mein Gott, mais tu ES sado-maso !!! 🙂 Moi rien que de penser aux pauvres crabes que ma grand-mère collait dans la casserole toit vivants… Brrr… Le bruit des pinces dans les cocottes en alu !!! Et pourtant un crabe, c’est moi mignon qu’un lapinou !
    @Gracianne, moui, faut voir, des souris ça pourrait passer… Ou plutôt un gros rat bien moche, les souris c’est trop mignon. Ceci dit vu tout ce que ma minette me ramène, ce serait facile, et vu qu’elles sont mortes de toute façon … 😉

  13. Mag à l'eau dit :

    Je n’ai aucun souvenir de dissection. Par contre je me souviens du jour où je suis arrivée chez mamie-voisine qui m’a dit « retourne-toi, ne regarde pas ». Elle venait d’abattre un lapin qui était suspendu à une poutre de son hangar. Mais trop tard, j’avais vu, et j’ai dit « miam, du lapin, c’est trop bon ». Ouais, je sais, je suis une fille sans cœur.

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